vendredi 8 juillet 2011

Mails et recherches Internet ont un impact sur l’environnement

entreprisesSpammer, googler, c’est aussi du CO2 émis et des ressources consommées: l’Ademe publie une étude sur l’impact des TIC, loin d’être anecdotique, et égrène plusieurs recommandations.
L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) publie ce jeudi une étude sur l’impact environnemental des TIC, mesuré pour le courrier électronique, les requêtes Web et les clés USB. Elle a été réalisée par Bio Intelligence Service (BIOIS).
BIOIS avait réalisé en 2008 un rapport pour la Commission européenne (« Impacts of Information and Communication Technologies on Energy Efficiency »), qui estimait que les TIC contribuaient, en 2005, à 2% des émissions européennes de gaz à effet de serre, et pourraient atteindre d’ici 2020 près de 4% des émissions en poursuivant sur les mêmes tendances.
L’étude menée pour l’Ademe amène l’agence à faire plusieurs recommandations – souvent de bon sens – pour limiter cet impact environnemental des technologies de l’information.
Cette étude repose sur trois indicateurs: le potentiel de changement climatique (mesuré par le CO2 émis), l’épuisement potentiel des métaux, l’épuisement potentiel des ressources fossiles, lié notamment au mix énergétique utilisé (l’Ademe a précisé ce matin lors de sa conférence de presse que le nucléaire, qui fournit le plus gros de l’électricité française, est pris en compte, l’uranium étant une ressource non renouvelable).
Voici les grandes lignes de cette étude, dont les synthèses plus détaillées sont accessibles en ligne.
Courrier électronique: ne multipliez pas les destinataires
247 milliards de courriers électroniques ont été envoyés par jour dans le monde en 2009, spams compris. On prévoit que cela montera à 507 milliards par jour en 2013.
Dans une entreprise française de 100 personnes, chaque collaborateur reçoit en moyenne quotidienne 58 mails et en envoie 33, d’une taille moyenne de 1 Mo. Cela représente (consommation des ordinateurs, des serveurs, etc.) 13,6 tonnes d’équivalent CO2 par an.
Multiplier le nombre de destinataires d’un mail par 10 multiplie par 4 son impact sur le réchauffement climatique, d’où deux recommandations: 1) ne pas envoyer à plus de personnes que réellement nécessaire, 2) envoyer un seul mail à plusieurs destinataires a un impact moindre pour l’environnement qu’en envoyer un différent (pour le même document ou message) à chaque destinataire.
Réduire de 10% l’envoi de courriels incluant systématiquement son responsable et un de ses collègues au sein d’une entreprise de 100 personnes permet un gain d’environ 1 tonne d’équivalent CO2 par an, soit environ un aller-retour Paris-New York pour une personne (voir cecalculateur d’émissions de CO2 de l’aviation).
L’impression des mails est un autre facteur, connu (mais pas toujours pris en compte…) d’impact environnemental. Diminuer de 10% le taux d’impression des courriels (toujours dans une entreprise de 100 personnes) économise 5 t.e. CO2 en un an (5 Paris-New York).
Par contre, si la lecture d’un document de 4 pages doit prendre plus de 15 minutes, il est recommandé de l’imprimer (ce qui suppose de le faire pour le lire plus tard, si vous laissez votre écran allumé pendant la lecture du papier ce serait double peine pour l’environnement).
L’Ademe conseille également de nettoyer régulièrement sa boîte de messagerie – en entreprise -, les copies, back-ups redondants etc. de son contenu ayant là aussi un impact: nettoyer des spams, vider la corbeille, ne pas garder trop longtemps des pièces jointes…
Et naturellement de comprimer les documents lourds avant envoi, et si possible de préférer l’envoi d’un lien hypertexte à celui d’une pièce jointe (note personnelle: bien des journalistes, dont la boîte déborde de mails farcis de fichiers attachés obèses, prieront pour que beaucoup d’attachés de presse retiennent cette recommandation…).
Requête sur le Web: vos favoris plutôt que Google
L’étude compare la différence entre une requête par Internet (via un moteur de recherche) et la saisie directe d’une adresse de site, ou sa reprise depuis les favoris ou marque-pages.
Il est estimé qu’un internaute français effectue en moyenne 2,6 recherches par jour sur Internet. Sur la base de 29 millions d’internautes en France, les émissions de gaz à effet de serre (g.e.s.) représenteraient 287.600 t.e. CO2.
L’Ademe suggère de réduire le nombre de pages consultées en utilisant des mots clés précis lors d’une recherche, et lorsqu’on connaît le site voulu de taper directement son adresse : chacun de ces usages représente un gain de 5 kg équ. CO2 par an, soit 40 km parcourus en voiture.
L’agence souligne aussi qu’en passant de 4 à 7 ans d’utilisation d’un ordinateur, l’impact environnemental d’une requête web est réduit de 20 à 35% (à condition d’entretenir sa machine, mettre à jour ses logiciels, antivirus etc., sans quoi le risque est que la machine rame suffisamment pour annuler d’un côté ce qui serait gagné de l’autre).
A noter par ailleurs: régler son imprimante en mode brouillon et recto/verso permet de diviser par trois les émissions de g.e.s.
Clés USB
L’étude compare plusieurs scénarios (transfert de la clé sur un ordinateur puis survol d’un document de 200 pages, même transfert puis lecture complète, etc.), pour conclure que le supplément de lecture proposé a, pour 100 personnes allant à une conférence et lisant ensuite intégralement 200 pages de document transmis par clé USB, cela augmenterait de 20% l’empreinte carbone par rapport à une conférence classique.
L’agence recommande en conséquence de faciliter la navigation dans les documents avant de les installer sur une clé USB (sommaire détaillé, indexation, recherche par mots clés…). Elle suggère d’utiliser des « vraies » clés à capacité suffisante pour stocker plusieurs fichiers (les petites clés USB à fin essentiellement publicitaire ne sont pas les amies de la nature).
L’Ademe observe que le changement de matériau (bambou par exemple) de la coque de clé USB ne représente qu’une faible part (2%) des impacts de production de la clé.
Et l’ordinateur alors?
En amont, l’Ademe incite à préférer un ordinateur certifié par l’écolabel européen (justement mis à jour, voir GreenIT) ou Energy Star.
En aval, elle demande d’être attentif à la fin de vie de son ordinateur, qui est un déchet électronique : le dépôt en déchetterie ou le retour en magasin sont des options possibles.
Factures électroniques
A la question posée ce matin par un journaliste, « est-ce que les factures dématérialisées (proposées par les banques, FAI, fournisseurs d’énergie etc.) sont plus écologiques que les factures papier? », réponse prudente: ce n’est pas évident du tout du point de vue des consommateurs… même s’il est certain que les entreprises qui facturent font, elles, des économies.
Et pour peu que le client imprime sa facture, avec une imprimante moins efficiente que celle de l’entreprise, n’en parlons plus.
Sur la Toile
Nouvelles technologies, nouveaux usages: les TIC, quels impacts? Ademe (guide grand public, 1,39 Mo en PDF, 16 pages)
Source: www.smartplanet.fr

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