mardi 19 janvier 2010

« La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », à l’ère du numérique, elle le peut !


Jean De La Fontaine n’en reviendrait pas. Google, entreprise de la nouvelle économie fondée en 1998, tourne sur plus de 450000 serveurs, indexe plus de 1000 milliards de pages et a réalisé un bénéfice de 1,42 milliards en 2008. Par son étendue, son impact sur les nouvelles formes de communication, Google change les règles du jeu, l’assemblage de la connaissance et les rapports de force économique. Hal Varian, économiste en chef chez Google depuis 2002 et professeur à l’Université de Berkeley, est un brillant théoricien de ces mécanismes et un commentateur privilégié de la période actuelle.

Hal Varian explique un changement de paradigme concernant les entreprises innovantes : nous passons à l’ère des micromultinationales où les moyens de communication sont devenus tellement bon marché et performants que n’importe qui peut s’organiser à travers le monde pour lancer une activité économique.

Ce bouleversement est multiforme :

  • Levée des barrières géographiques : les nouvelles compagnies, les startups, les PME, peuvent démarrer digitale et internationale dès le premier jour. Avec le Cloud Computing les clients peuvent être immédiatement internationaux : par exemple la StartUp « DropBox » de partage et de réplication offline de documents que nous utilisons par ailleurs.
  • Emulation créative : le bouillonnement d’échange d’informations permet de multiplier les expérimentations de façon exponentielle. Rappelons que les innovations de rupture viennent essentiellement de l’open innovation.
  • Expression des talents et baisse des coûts : les modes collaboratifs permettent de tirer partie des meilleures expertises à des coûts compétitifs.
  • Qualité des services : étalonnage du niveau de service sur le marché le plus exigent ou avancé (ex. le marché japonais sur les services aux personnes âgées).

A ce titre, les Services Web de Amazon peuvent être de fantastiques accélérateurs en proposant :

  • De l’hébergement d’applications ou de sites web
  • Des solutions de sauvegarde
  • Du e-commerce
  • Plus original, sans jugement éthique ou politique qui serait ici hors propos, la plateforme d’intermédiation « Mechanical Turk ». Le service consiste à poster des propositions de travaux online (à faible valeur ajoutée) et de mettre en relation avec des personnes souhaitant les effectuer : tagging d’images, reconnaissance video, transcription de podcast, traduction, enquêtes d’opinion, dédoublonnage de catalogues produits online, …). Ces tâches sont très faiblement rémunérées. La start-up Snapmylife de partage de photos utilise ce service pour veiller à la moralité des photos postées, CastingWords l’utilise pour transcrire des podcasts, Knewton pour tester la performance d’un site et la construction d’une base d’opportunités…

Ce constat sur les micromultinationales amène à repenser la manière dont nous les start-up sont encore vues en France. Le Pacte PME a ainsi été créé il y a trois ans afin de faciliter et de renforcer les relations entre PME innovantes et grands comptes. 55 grands comptes se sont engagés à augmenter de 10 % la part des PME dans leurs achats. En tête du palmarès des augmentations les plus importantes, la SNCF a augmenté ses achats attribués aux PME de 684 millions d’euros, soit une croissance de 100 %, depuis la signature du Pacte. Pour son directeur des achats, Pierre Pelouzet, « c’est dans les PME que se trouve l’innovation. ». Le dispositif devrait s’étendre aux ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire).

Une écoute permanente de l’écosystème des start-up associée à une capacité d’identification des perles est un atout considérable pour une grande entreprise : innovation de rupture, relais de croissance, gains financiers, performance opérationnelle…



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