mardi 29 septembre 2009

L’UE peut elle ouvrir la voie aux voitures électriques ?

Une combinaison de questions énergétiques, d’inquiétudes quant à la sécurité et le besoin de réduire les émissions de gaz à effet de serre signifie que les décideurs politiques sont plus enclins que jamais à encourager l’industrie à se tourner vers des options de transport respectueuses à l’environnement.

Dans le cadre d’un plan de soutien à l’industrie, l’Union européenne a alloué 5 milliards d’euros dans son plan de relance économique à l’initiative Voiture Verte (EurActiv 27/11/08).

Le plan inclut le soutien du développement de voitures électriques et hybrides, en se focalisant sur les batteries de haute intensité, les moteurs électriques et les réseaux intelligents.

Malgré le scepticisme ambiant, le sentiment se répand dans l’industrie et aux niveaux des gouvernements pour dire que la conjoncture est favorable pour faire passer les voitures électriques du statut de concept cars à celui de voiture destinée à la production de masse. La question est de savoir ce qui peut être accompli pendant le mandat de cinq ans de la prochaine Commission européenne et si elle aura les moyens de s’attaquer à une multitude de défis d’importance qui doivent être résolus rapidement si l’industrie européenne veut tirer son épingle du jeu et devenir leader mondiale.

Christian Egenfeldt, directeur du développement commercial européen chez Better Place – un fournisseur de services pour voiture électrique – a déclaré que le développement d’une infrastructure de recharge standardisée était crucial afin d’éviter un remake du « Betamax contre VHS », une situation où des technologies incompatibles sont en concurrence.

Better Place collabore déjà avec les autorités en Israël, au Danemark et en Australie afin de construire et de gérer les infrastructures nécessaires pour adopter les véhicules électriques, et M. Egenfeldt estime que l’UE peut aider à coordonner la transition vers les voitures électriques. La standardisation est très importante. Si nous commençons à utiliser les mêmes batteries, il devient beaucoup plus facile de lancer ce commerce en Europe et il est plus facile de devenir un consommateur de ce type de véhicule, a-t-il dit.

Il a déclaré que des milliards d’euros seraient investis dans l’industrie automobile dans les prochaines années, mais ils devraient être utilisés comme des incitants pour des projets pilotes et pour des tests de la technologie des voitures électrique. Il est important que l’industrie développe des voitures pour tous les usages – voitures avec batteries fixes pour les villes et des batteries échangeables pour les transports plus longs.

M. Egenfeldt a souligné que recharger les véhicules d’une manière intelligente est très important pour s’assurer que l’infrastructure électrique ne soit pas surchargée lorsque les véhicules électriques deviendront banals.

Il a ajouté que des progrès pouvaient être réalisés pendant le mandat de cinq ans de la prochaine Commission si elle peut se concentrer sur la standardisation, le soutien aux opérateurs et également si elle parvient à trouver des moyens pour les gouvernements de collecter les mêmes revenus des voitures électriques que ceux qu’ils reçoivent du carburant traditionnel.

Beaucoup peut être fait ces cinq prochaines années. Nous n’allons pas voir une révolution, mais une évolution, a-t-il dit.

Going Electric, une association d’entreprises et d’ONG travaillant sur le transport durable, appelle à la création d’une large gamme de subventions pour soutenir les consommateurs qui veulent acheter des voitures électriques, y compris des taux de TVA réduits et des réductions des taxes d’habitation.

Les voitures électriques devraient être exemptées de péages et de frais d’embouteillages et autorisés à utiliser les voies des bus, jusqu’à ce que de tels véhicules soient disponibles sur le marché de masse, a déclaré l’organisation dans un document envoyé à la Commission dans le cadre de l’Initiative sur l’avenir du transport.

La Commission elle-même a promis dans un mémo de poursuivre l’harmonisation à tous les niveaux de l’infrastructure pour les voitures électriques. De nombreuses nouvelles technologies et pratiques de régulation se développeront dans les prochaines années pour répondre aux défis du transport. De la coordination sera nécessaire pour s’assurer de l’interopérabilité de l’équipement et éviter la prolifération de différents systèmes au niveau national, a-t-il dit, mentionnant en particulier la recherche d’un terrain d’entente sur les péages et les frais d’embouteillages.

La semaine prochaine, l’exécutif de l’UE adoptera un plan d’action sur la mobilité urbaine, comprenant un engagement à intensifier la recherche et les projets pilotes dans les transports publics à émission basse ou nulle. Le projet sera mis en place sur les quatre prochaines années, avec une révision en 2012.

Cependant, le soupçon demeure sur le fait que les voitures électriques resteront un marché de niche dans le futur proche. Au cœur de l’effervescence sur les concept cars du Salon de l’automobile de Francfort, une poignée de sceptiques se sont fait connaître – dont certains issus de l’industrie elle-même.

Takeshi Uchiyamada, chef de recherche et développement pour les technologies environnementales chez Toyota, aurait qualifié cette ruée vers les voitures électriques de fièvre s’étant répandu dans l’industrie.

Mais dans les années 1990, de nombreux fabricants automobiles ont lancé des véhicules électriques, et Toyota l’a fait aussi. Et si la question est de savoir s’il y a eu des développements technologiques majeurs depuis lors, la réponse est non, a-t-il dit.

Les autorités régionales et locales sont prêtes à mettre en place des programmes de soutien aux voitures émettant peu de carbone, mais craignent de miser sur le mauvais cheval avant l’émergence d’une technologie dominante viable.

Pour la nouvelle Commission qui soutiendra le secteur automobile dans la recherche de solutions innovantes et commercialisables, le défi est de fournir un signal clair à l’industrie, aux gouvernements locaux et aux consommateurs sans consacrer les rares deniers publics à des projets pilotes sans perspectives.

SOURCE : Euroactiv

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