dimanche 26 juillet 2009

Profession : Community Manager

Ne dites pas à ma mère que j'anime une communauté, elle me croit journaliste." Marie-Amélie Putallaz n'a pas eu besoin d'attendre sa sortie du Centre de formation des journalistes (CFJ) pour trouver un emploi. Dès mars, elle a été embauchée en CDD à Lexpress.fr pour une fonction nouvelle dans la presse française. En anglais, on parle de Community Manager. En français, on dit "animateur de communauté".

Cette jeune femme de 26 ans avait le profil adéquat : avant sa formation de journaliste, elle a animé des forums Internet sur les jeux vidéo. Elle a encore du mal à définir sa fonction. "Je me sens assez proche d'une émission de radio du type "Les auditeurs ont la parole"."

Sa première fonction est de modérer les commentaires des internautes. Elle n'aime pas ce mot : "Modérer, c'est laisser entendre qu'on coupe, qu'on censure. Mon rôle consiste aussi à valoriser les réactions des lecteurs, à les synthétiser." Elle lance des appels à témoignage en rapport avec l'actualité. Au besoin, elle entre en contact avec les internautes par mail. "Je leur demande d'apporter des informations. En échange, ils me disent ce qu'ils veulent voir et entendre. Je suis un peu l'ambassadrice des internautes auprès de la rédaction."

Le site Lefigaro.fr a lui aussi engagé un animateur de communauté, Antoine Daccord, 26 ans. Celui-ci avait travaillé en presse régionale, animant la page forum du quotidien L'Echo du centre. Il invite les internautes à réagir "sur deux ou trois sujets par jour". L'objectif des animateurs est que cette culture du dialogue se diffuse dans la rédaction et que "chaque journaliste devienne à son niveau animateur d'une communauté de lecteurs", explique-t-il.

Le rôle de l'animateur consiste aussi à utiliser les réseaux sociaux pour faire vivre la "marque" du média. Mme Putallaz a deux comptes sur Twitter, un réseau social permettant de diffuser des messages sur le Net et sur le téléphone. L'un sous son nom propre, l'autre sous celui de L'Express. Elle anime aussi un compte sur Facebook et poste des liens Internet, "un à trois tous les jours, pas plus de cinq pour ne pas lasser l'internaute". Ces liens apportent une audience modeste mais croissante aux sites de presse.

Comptes sur Twitter

Au Figaro, les journalistes sont encouragés à ouvrir des comptes sur Twitter. M. Daccord leur propose un habillage, des conseils, et rediffuse une partie de leurs contenus vers le fil Twitter du Figaro. Celui-ci est suivi par plus de 2 000 personnes et diffuse des liens vers des articles du site, mais aussi vers d'autres sites susceptibles d'intéresser les lecteurs.

Arte possède quatre fils Twitter et une page sur Facebook. Mélissa Bounoua, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences-Po, a été embauchée pour les animer. "Pour qu'un fil Twitter ou une page Facebook vivent, il ne suffit pas de les alimenter, explique la journaliste de 22 ans, connue dans la blogosphère sous le surnom de Miss Press. Il faut discuter avec les lecteurs, les écouter, donner un ton. Mon objectif est de diffuser notre information, d'apporter de l'audience au site d'Arte, mais aussi d'être une veille pour sentir ce qui se passe sur le Web." Mélissa a connu la fonction d'animateur aux Etats-Unis. Elle pense que ce métier va se répandre en France.

Source : X.Ternisien, Le Monde



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